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La Revue de Médecine Interne ; 42:A272-A273, 2021.
Article in French | ScienceDirect | ID: covidwho-1531760

ABSTRACT

Introduction L’interleukine 6 (IL-6) est une cytokine clé de l’inflammation. En se fixant à son récepteur, l’IL-6R, elle permet la transcription des gènes des protéines de l’inflammation et notamment la protéine C réactive (CRP). Le tocilizumab, un anticorps monoclonal humanisé anti-IL6-R, est actuellement autorisé dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde (PR), de l’arthrite juvénile idiopathique (AJI), et de l’artérite à cellules géantes. L’un des principaux effets secondaires de ce traitement est la survenue d’épisodes infectieux. Or, chez les patients traités par tocilizumab, la CRP peut ne pas s’élever en cas d’infection. Par ailleurs, l’éosinopénie, définie par une concentration sanguine de polynucléaires éosinophiles (PNE)<0,05G/L, a déjà été observée au cours de certains processus infectieux et certaines études dans la population générale ont démontré que l’éosinopénie pouvait être un marqueur d’infection bactérienne. L’éosinopénie pourrait alors aider au diagnostic d’infection chez les patients sous tocilizumab. Patients et méthodes Cette étude rétrospective, observationnelle, monocentrique a inclus les patients majeurs ayant reçu un traitement par tocilizumab pour une pathologie ayant l’AMM, s’ils avaient été hospitalisés de manière non programmée. L’objectif principal de cette étude était donc d’étudier l’association entre concentration de PNE et présence d’une infection sévère chez des patients traités par tocilizumab. L’objectif secondaire était de comparer les caractéristiques des patients sous tocilizumab hospitalisés, selon la présence ou non d’une éosinopénie. Résultats Quarante et un patients ont été inclus dans notre étude dont 20 présentaient une infection, et 21 une pathologie non infectieuse. L’âge médian lors de l’hospitalisation était de 59 ans et 82,9 % étaient de sexe féminin. Quatre-vingt-quinze pour cent des patients présentaient une PR, et 5,0 % une AJI. Cliniquement, la fièvre était présente chez 60 % des patients infectés contre 4,8 % des témoins (p<0,001). Toutes les infections microbiologiquement documentées (n=15/20) étaient d’origine bactérienne. La concentration de PNE était significativement plus basse chez les patients présentant une infection, avec une médiane à 0,06G/L, contre 0,20G/L chez les patients non infectés (p=0,010). De plus, parmi les patients infectés, dix (50,0 %) présentaient une concentration de PNE<0,05G/L contre seulement deux (9,5 %) parmi les patients non infectés, OR=9,50 avec IC95 % [1,73–52,02]. La concentration des PNN et la valeur de la CRP étaient significativement plus élevées chez les patients infectés. Concernant l’évolution en cours d’hospitalisation, quatre patients (33,3 %) du groupe avec éosinopénie développaient un sepsis, contre seulement un (3,4 %) dans le groupe sans éosinopénie (p=0,02). Dans le groupe éosinopénie, un patient (8,3 %) présentait un choc septique, et deux (16,7 %) avaient été admis en réanimation. La durée d’hospitalisation était significativement plus longue dans le groupe avec éosinopénie que dans le groupe sans éosinopénie. Discussion Dans la littérature, le seuil d’éosinopénie utilisé comme marqueur diagnostique d’infection n’est pas consensuel, mais le seuil de 0,05G/L semble être le plus utilisé et semble apporter une spécificité et une sensibilité acceptables en population générale. Pourtant, dans notre étude, tous les patients infectés ne présentaient pas d’éosinopénie et leur concentration médiane de PNE était de 0,06G/L. L’analyse des autres biomarqueurs (PNN, CRP) reste donc nécessaire. Par ailleurs, de nombreuses études ont démontré que l’éosinopénie au cours des infections bactériennes, mais aussi virales depuis l’émergence du virus SARS-CoV-2, était un facteur de mauvais pronostic, ce qui était également retrouvé dans notre population. Conclusion Cette étude pilote montre que l’éosinopénie pourrait être un marqueur biologique rapidement accessible et peu onéreux, permettant d’orienter vers un diagnostic d’infection bactérienne chez les patients sous tocilizumab hospitalisés. Un score diagnostique, basé sur les différents paramètres inflammatoires, pourrait être intéressant à construire et à valider dans une cohorte plus large de patients sous tocilizumab.

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